Je me suis enfin décidée... Enfin je prends le courage de me livrer telle que je suis au fond... Me livrer en pâtures certainement mais tant pis... C'est aussi pour cela que j'ai fait ce blog, pour en parler, pour me confronter à certaines opinions, regards... Je dois le faire... Honnêtement et totalement!
C'est vrai qu'aujourd'hui je respire encore, qu'aujourd'hui j'essaie d'apprendre à aimer un homme qui cherche à me comprendre, qui cherche à ce que j'en parle... Ma thérapie m'a fait avancer pour m'ouvrir à lui, et accepter de continuer, même si c'est un combat contre moi-même chaque jour qui passe...
J'ai mis deux ans à le cacher à mon entourage...J'ai mis deux ans à réaliser mon geste... Deux ans à supporter les coups sans raison apparentes, sauf qu'au fond de moi je les excusais pas mon geste... Et puis après mon aveu, j'ai compris la violence verbale et physique de mon entourage, de mon ex... Et je me suis emmurée dans cette acceptation nauséabonde.
Si vous me croisez, vous trouverez que je suis normale, comme tout le monde, assumant ma vie, mais si vous saviez au fond de moi les fantômes qui me hantent, les monstres qui m'assaillent, vous ne verriez pas mon assurance de la même façon... Je ne suis véritablement moi qu'une fois la porte close, qu'une fois le silence installé... Et c'est pour cela que je veux vous livrer ma vérité ce soir... Pour que vous sachiez qui je suis... Pour que plus jamais les non-dits ne détruisent ma vie...
Le texte qui suit est brut, sans retouche ; il n'explique pas le pourquoi ; il n'est pas complet ; ne contient pas les tenants et les aboutissants mais donne un élément de réponse, l'élément de réponse qui fait qu'à ce jour je suis celle que je suis....
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5 Août 2003 … Tout commence ou tout finit ce jour-là ; tout dépend où l’on se place ! Date marquée à vie au creux de mes entrailles, en mon cœur, en mon corps… COUPABLE !!!! Coupable de silence ; coupable de traîtrise ; coupable de mensonge ; coupable… d’ABANDON !!!
Toute ma vie se résume par cette peur … mal-aimée ; abandonnée ; incomprise ; enfermée dans les méandres de mes pensées angoissantes – angoissées… et la petitesse de mon vécu ; de la petitesse de mon intelligence, j’ai commis le crime ultime… Triple Homicide… Le Père, La Mère, L’Enfant … et je suis en liberté ?... Comment ? … Pourquoi ?
« Tu es intelligente Stef, t'as une maîtrise de psycho, tu as fait des études » … tu parles ! Tais toi, voix sordide et enjôleuse ; intelligente de quoi ? D’avoir arraché ma fille de ses racines ; d’avoir soustrait sa chair à cet homme que j’aime tant ?... J’aime Tant… Temps présent… pour çà oui c’est mon présent, encore et toujours et pourtant… Passé, simple, composé, … compliqué bien que plus-que-parfait !
Comment ai-je pu être aussi sordide ? Aussi froide ? Je ne me reconnais pas… Était – ce réellement moi ? … Pourtant c’est moi seule qui suis allée, SEULE, accouchée de cet être sublime ! Comment avoir pu imaginer qu’elle resterait à jamais ancrée en moi ; qu’elle grandirait en moi ? … Intelligente ? Certainement pas !!! Je suis devenue tout ce que je hais, tout ce qui me répugne !!! Mère incompétente ! Mère Immorale ! Mère Indigne ! Mère Tueuse d’enfant ! Mère Tueuse de Rêve ! Mère…
Mais qu’est ce qui m’autorise aujourd’hui à utiliser ce mot ? De quel droit puis-je me qualifier de telle ? Je n’en suis pas une… Je ne le serai JAMAIS d’ailleurs ! Si j’avais été une mère, une vraie, je l’aurai écouté, ce cœur battre, alitée, perdue, pleurant, suffocante…
Oui, je n’aurai pas… non jamais accepté que quelqu’un coupe le son de ce petit cœur dans la machine… Je n’ai pas voulu l’entendre, tout comme je n’ai pas voulu la voir ou la toucher… çà m’en rend encore plus malade aujourd’hui… Peur de quoi ? Peur de lire dans son regard toute ma monstruosité ? … Monstruosité que je perçois dès que son père pose les yeux sur moi… Peur qu’elle me dise « me jette pas » ou pire « merci »…
Comment ai-je pu croire que je la sauverai de moi ? Je me suis trompée, tellement trompée… Si effrayée de lui ressembler à elle qui m'a fait tant de mal ; manipulatrice, étouffante, que c’est exactement ce que j’ai fait !!! Je suis pire qu’elle !! Pire que la reine des Chiennes… Elles, elles n’abandonnent pas… moi si !!!
« Quelle force, quel courage… » Certains diront… Tu parles !!! Quelle horreur ; quelle douleur… quotidiennes, éternelles. Chaque rire d’enfants, chaque pleur, chaque regard, me renvoient un peu plus à ma médiocrité, ma perfidie ! Je ne supporte ni les mères abusives, ni les mères violentes, ni les mères distantes, ni les mères incompétentes, ni les mères manipulatrices, ni les castratrices, ni les infanticides, ni les lâches, ni les démissionnaires, et pourtant… je suis toutes celles-là réunies !!! BRAVO !!! MAGNIFIQUE !!! Acclamation de l’arène de ma vie : lui, elle, mes amis, mes proches … tous trahis, tous bafoués, tous trompés par MOI ! Joli constat ; bel effort ; magnifique parcours !!!
Déserteuse ! Sale déserteuse… voilà ce que je suis. J’ai fui mon seul combat ; le mien, le vrai, le réel, le plus beau, le seul que j’avais à mener… Lâche !! Pauvre larve… J’ai eu l’occasion d’être papillon et je suis restée chenille… urticairisant tous ceux qui m’entourent. Une chance, une seule… et je l’ai gâchée !! Putain mais merde !!! POURQUOI ????
Tout m’assaille, me torture… ce n’est pas MOI putain ! Comment j’ai pu croire que j’avais raison ? Pourquoi ? Tout ce que je voulais c’était le rendre heureux et fier de moi !! Je l’ai sentie en moi sur les derniers temps, les tous derniers moments, derniers jours, dernières minutes, dernières secondes… je l’ai sentie se débattre et j’ai cru que c’était pour me fuir… et si c’était simplement pour se blottir ? Si c’était simplement pour nous apaiser ?... Nous aimer simplement, humainement… même çà j’en suis incapable !
Si je savais aimer je n’aurai jamais fait toutes ces erreurs ; je n’aurai jamais trucidé les gens auxquels je tiens le plus au fond… Tous ont goûté à ma perfidie ; tous ont été déçus par moi… Ma plus belle victoire ? Il faut croire que c’est décevoir, je fais tout pour en tout cas !!!
Cet acte si unique, si merveilleux, si humain, j’en ai fait un acte barbare, un acte mortuaire… Plus de trois ans que cela hante mes pensées, mes nuits ; chaque minute dans le silence ; chaque minute, chaque seconde je pense à elle et à tout ce gâchis, et je le revis inlassablement… Toujours cette même salle, ces mêmes personnes, ces mêmes larmes… Pourquoi je n’ai pas voulu l’entendre ? Pourquoi je n’ai pas voulu l’écouter ? Cette voix… Ces cris… Arrachés… Torture mentale, torture à vie… Toute ma sale vie je les verrai l’emmener, refermer cette porte, traverser le couloir… Toute ma vie, je sentirai ces deux paires d’yeux sur moi, fuyants, jugeant ; ma tête se tourner, embuée, absente, écartelée… mes larmes roulées, cette sensation de honte, cette certitude de mort…
Plus Jamais !!! Plus JAMAIS je ne connaîtrai ce que sera cet être de douceur et d’amour ! JAMAIS !!! Plus jamais je ne verrai son regard ! J’ai eu tellement peur de savoir que je n’ai su que deux ans plus tard que j’avais donné naissance à une petite fille… une FILLE !
La boucle est bouclée ! En voulant mieux faire, j’ai fait pire… Carnage mental ! Carnage vital ! Carnage affectif !... Il y a toutes sortes de femmes sur terre ; j’appartiens à la pire des castes… J’ai abandonnée ma fille ! Je l’ai laissée tomber ! J’ai plombé ses ailes, comme celles de son père… Beaux Anges Sauvages… Trucidés, violentés, malmenés, condamnés !!! Par quoi ? Par mon pseudo Amour !!!
Quel constat ! Plus j’aime et plus je fais souffrir… Et qu’est ce que j’en fais ? Bilan nauséabond… Honteuse, absolument honteuse, consciente du mal que je procure aux gens. Et je continue à m’autoriser à respirer ????? Pour quoi ? Pourquoi ? Dans quel but ? Qui sera ma prochaine victime ?????
J’ai prouvé que je n’étais digne de rien, de personne ; j’ai prouvé que je ne valais rien, rien du tout… Le seul sel que je pouvais apporter dans la vie, je l’ai jeté… oui JETE !! Comment définir autrement mon acte ? Je me répète sans cesse que c’est un acte d’amour, de sauvetage, que je ne voulais pas la faire souffrir, que je ne voulais pas qu'elle soit malheureuse, que je voulais qu'elle soit aimée, choyée, adorée, adulée, qu'elle ne manque de rien... mais je n’ai sauvé personne, absolument PERSONNE !!! Au contraire… J’ai fait couler le navire. Elle, partie à la dérive et disparue ; Moi, entre deux eaux, hésitante entre me battre et me laisser couler … si seulement… Les eaux mortes ne veulent pas de moi, me forcent à faire la planche… et Lui, heureusement, qui se bat… il a lâché ma main, il va être sauvé… Il a bien fait !!
J’ai jamais voulu l’entraîner dans le fond, j’ai toujours voulu qu’il soit libre, essence même de son être… mauvaise lecture, je me suis trompée de Liberté ! Je voulais qu’il ne soit jamais aliéné, assiégé, attaché … je sais qu’il en serait mort ! Et c’est pourtant exactement ce que j’ai fait… je l’ai aliéné à ma traîtrise, je l’ai enchaîné à ma folie !!!
Pourtant je donnerai ma vie, mes tripes pour lui ; et je ne lui ai pas donné sa fille !! Anormalité, aliénation mentale… comment peut-on me qualifier ? Déjà, peut-on me qualifier ? Que suis-je ? À part cette chose informe et purulente ? LIMACE !!!! Lente, gluante et vomitive….
Et aujourd’hui je m’étonne ? Mais m’étonner de quoi d’abord ? De ce téléphone que je guette et qui ne sonne pas ? Que j’en arrive à m’appeler moi-même pour vérifier qu’il fonctionne bien ? Quel morbide passe-temps !!! Qui pourrait avoir envie de se soucier de quelqu’un comme moi ? Qui pourrait apprécier ma présence en sachant la réalité de ma vie ? J’ai la réponse… PERSONNE !!! Je ne sais même pas si je le permettrai en fait… je ne suis même pas sûre d’avoir envie de sortir de ma torpeur, de mon horreur… Par peur de déculpabiliser ? Peut-être ! Certainement même… J’ai sans doute l’impression que continuer d’avancer me rendrait encore plus monstrueuse… certainement que j’y pense… certainement que j’en suis convaincue…
Me retrouver ? Pour quoi faire ? C’est vrai après tout… Je passe mes journées enfermée dans ma solitude, mes souvenirs et mes regrets, rien ne m’en fait sortir… J’attends qu’on me fasse un signe, mais moi je n’en fais aucun… Tétanisée !!! Peur d’être jugée, peur d’ennuyer, peur de prendre du plaisir, de me rendre compte que je ne suis pas tout à fait morte… et pourtant….
Je ne veux pas avancer, impression de la trahir, de LES trahir encore une fois… une fois de trop ! Si je tournais la page pour continuer le livre, qu’est ce qui me prouve que ce n’est pas la jaquette que je me prendrai en pleine gueule ??? Je me sens inappropriée, inutile, insipide… Le fait d’avoir entendu durant des années qu’il fallait se taire pour ne pas faire souffrir ; que je n’étais pas à la hauteur ; que je serai comme Elle, cette mère, du début à la fin, voici le résultat : CONDITIONNEE A TUER !!!
Pas besoin d’aller en Afghanistan, venez me voir ; observez moi et vous verrez tout ce que la misère intellectuelle peut engendrer !!! Misère Intellectuelle !!! Mais je suis même en deçà de çà !! Bien plus bas encore… ce terme est encore trop gentil à mon égard !
Je suis inqualifiable !!!!!! POINT.
Pendant l’affaire COURJAULT, je l’ai trouvée détachée, insensible… « Comment peut – on faire çà ? » Accouchée seule ! Tuer ses enfants de ses propres mains ? De quel droit ? …PUTAIN mais de quel droit, MOI, je peux me permettre ce genre de jugement, de pensées, de discours, de questions… « Pas pareil ? » Tu parles !!! « Toi tu ne l’as pas tuée »… Non c’est vrai, pas physiquement… mais psychologiquement ? …Hein ? Tu réponds quoi à çà ? Et son Père ? J’en ai fait quoi ? Hein ? Réponds moi putain, puisque je ne suis pas pareil…. Tu dis plus rien ? Tu sais que j’ai raison… J’ai fait pareil, j’ai sacrifié… J’ai tout sacrifié… Au nom de quoi ? … De rien… J’en sais rien… Quelle raison raisonnable peut-il y avoir pour cet acte ? JE SAIS !!!.... Aucun !
Emmenée, enfermée, cloisonnée dans ma tête, rien ne sort, rien ne transparaît, rien ne respire… Apnée perpétuelle, étouffée… par la crainte qu’il parte ? Qu’il hurle ? Que je lui fasse mal ? Que je ne ressente pas ce putain d’instinct maternel ???
Pourquoi je ne l’ai pas cet instinct ? POURQUOI ???? Pourquoi je ne l’ai pas eu ? Pourquoi ce putain d’instinct n’a pas été là ? Il aurait dû être là !!!! Il aurait dû putain… Et rien, nada, vide, pathétique… je ne suis pas comme ELLES !!!
Pourquoi j’ai les entrailles qui me rongent ? Pourquoi je me sens si sèche, si vide, si… RIEN ! Ni une mère, ni une femme… Humaine ? Encore moins ! Nulle part à ma place ; déjà il faudrait que j’en ai une ! Pas même dans une foire, pas assez attractive …!!!
Ce qui me fait le plus mal, à part le fait d’avoir tout gâché, tout détruit, tout atomisé… ? Il y a autre chose, vous étonnez-vous ? Oui, il y a PIRE pour moi depuis quelques temps… Ne pas les envier ! Ne pas envier ces mères ! Ne pas les envier de les voir avec leurs petits ! Çà c’est pire que tout pour moi en ce moment… Grosse interrogation… Suis-je encore plus monstrueuse que ce que j’avais imaginé ? Je pensais avoir touché l’intolérable mais non… Il est là l’intolérable !!! C’est tout aussi monstrueux que mon acte barbare. J’aimerai tellement les envier… Mais je ne la ressens pas cette jalousie, cette envie… Je me compare à COURJAULT et je suis incapable de m’imaginer comme ces mères aimantes et douces, protectrices et aimantes. Ma gêne ? Elle est due à mon acte, à ce que j’ai fait ou plutôt ce que je n’ai pas fait comparé à ELLES… Je me dis qu’alors cet instinct, cette envie serait là… mais n’est-ce-pas juste pour me rassurer ? Pour me donner bonne conscience ? Et ne pas couler ? … Je n’en sais rien… Je me pose la question…
On a tous nos cicatrices ; moi j’ai une plaie béante et aucun pansement n’arrive à la cicatriser. A VIE ! Je crois qu’en même temps je l’espère… Une façon de la garder en moi, avec moi… toujours ; ne pas la trahir une seconde fois, je ne le supporterai pas !
Et le laisser partir… Le laisser reprendre sa route, remonter sur une chaloupe et continuer… Je l’ai trop stoppé, trop accaparé, trop déçu, trop étouffé… Je sais qu’une partie de moi s’arrache, mais cela fait trop longtemps que je l’octroie, que je l’asphyxie. Le plus dur ? Pas qu’il parte… Non… Juste l’idée qu’elle, son nouvel amour, prend ma place à table, qu’elle prend ma place auprès de ses amis, qu’elle prend ma place dans ses pensées… Mais surtout qu’elle prenne la seule place que j’aurai pu avoir si … : FEMME – MERE !! La seule place que j’aurai dû m’autoriser à prendre !! J’ai opté pour la maison de la traîtrise !
Pars mon bel amour ; pars vite… Échappe toi de moi… Écarte toi de mes lanières… Ne te retourne jamais sur moi ; ne te retourne pas s’il te plaît… Jamais ! Enlève cette culpabilité de ton cœur ; tu n’es en rien coupable de mes erreurs. Mon seul souhait : qu’un jour vous vous retrouviez, toi et ta fille… un jour réunis, sans moi, sans ma honte, sans ma perfidie.
Vous êtes les deux plus belles, les deux seules choses de bien qui auront fait ma vie… Je suis si désolée… Peut-être un jour j’arriverai à comprendre… et à vous expliquer, vous déculpabiliser… Vous apporter les réponses dont vous aurez besoin…
Je sais que vous ne me pardonnerez jamais… moi non plus d’ailleurs…
Stef
09/04/07